Les apiés, murs à abeilles ou bruscs


(BRUSC EN PROVENCAL)



Mur à abeilles à Cornillon-Confoux dans les Bouches-du-Rhône



Autrefois, l'apié, le mur à abeilles ou Brusc en provençal, était un mur en pierre sèche dans lequel des niches destinées à recevoir des ruches étaient aménagées. Selon l'importance du rucher les niches pouvaient être dans le mur d'une restanque, d'une maison ou faire l'objet d'une construction spécifique comme les enclos à apiés. Les niches reçoivent des ruches, souvent en bois ou en écorce de chêne-liège. L'implantation de l'enclos et des niches n'est pas choisie au hasard. Si possible, le muret recevant les ruches aura été placé dans les conditions suivantes : à l'abri des vents dominants et à l'ombre.


 



Les colonies d'abeilles se trouvent bien à l'ombre des arbres et même, souvent dans un verger ou dans un bois, ce qui est en définitive leur station naturelle, à condition que ce soit près de la lisière du bois. En effet, les abeilles souffrent d'une trop grande chaleur et il peut arriver que la cire des rayons se ramollisse.



Dans beaucoup d'autres contrées les cultivateurs ont donné comme logement aux abeilles une enveloppe de forme arrondie, souvent pointue vers le haut, parfois de forme basse, et fabriquée soit avec de la paille de seigle, soit avec des branches flexibles d'osier entrelacées. Chaque ruche est recouverte d'un capuchon de paille qui la protège de la pluie et des variations de température. C'est cette forme de ruche posée sur des tréteaux pour lutter contre l'humidité, adossée contre un muret et non incorporé dedans ou une palissade, qui est la plus répandue.
Afin de consolider les bâtisses, l'on mettait dans ces ruches des baguettes de bois disposées en travers à l'intérieur de celles-ci.



Les principaux apiés encore visibles se trouvent dans le pays varois du Verdon. La commune d'Aups (Var) en compte une quinzaine, mais c'est à Cornillon-Confoux (Bouches-du-Rhône) qu'on trouve le plus long mur à apiés, il mesure 60 m de long et compte pas moins de 35 niches à ruche. (J’en ai vu lors de mes randonnées, aux Salambalettes à Cuers, à Châteaudouble dans une ruine sentier montant Sud de la route)


 

Ruches dites Ruches vulgaires




Les abeilles à l'état naturel établissent le plus souvent leurs colonies dans les vieux troncs creux des arbres aussi, la première idée de ceux qui ont cherché à "cultiver" les abeilles a-t-elle été sans doute d'installer un essaim dans les conditions naturelles.
Un simple tronc d'arbre creusé à l'intérieur, scié en haut et en bas et recouvert d'une plaque de bois ou d'une grosse pierre, telle était la première ruche primitive.



Dans nos régions méditerranéennes, là où croît le chêne-liège en abondance, l'écorce épaisse et imperméable de cet arbre a été une préférence pour employer celle-ci pour servir d'enveloppe à l'habitation des abeilles. C'est déjà une ruche plus travaillée que le simple tronc d'arbre.



Ailleurs, et particulièrement en pays montagneux, on a construit des ruches plus hautes que larges, formées simplement d'un assemblage de quatre planches avec un couvercle cloué par-dessus.



Source : Le Grand Almanach de la Provence 2012 - Geste Éditions et sur internet le site "Les saute-collines".



 



Voilà une description que fait l'écrivain Marcel Scipion dans son livre "Le clos du roi" : "Nos Bruscs étaient des troncs de saule ou de peuplier [...]. On les choisissait de préférence déjà un peu creusés à l'intérieur, quand au cours des années le pic-vert y a fait son trou qu'utilisent ensuite les écureuils [...]. On tronçonnait alors ces arbres à un mètre du sol, puis à la gâche, on agrandissait le trou intérieur et on bouchait une des extrémités par une planche qu'on collait. Au mois de mai, au moment des essaims, on mastiquait les trous et les fentes du bois avec de l'argile. Ensuite on urinait dans le brusc et on frottait bien le bois intérieur avec une poignée d'herbes aromatique : du thym en particulier. L'essaim était jeté dans une casserole par le bas, c'est-à-dire, par l'extrémité libre, et le soir, on redressait le tout sur une grosse pierre plate".




À ce titre, le syndicat des apiculteurs n'a pas manqué d'éditer une plaquette, « Partageons nos jardins avec les abeilles », afin de sensibiliser les esprits. De parole d'apiculteurs, « il n'y a ni mauvaises herbes, ni vilaines abeilles, ni espèces nuisibles. Tout est utile à la nature ».



Centre de formation à Hyères et logo IGP



Qu'à cela ne tienne, cette année les apiculteurs du Var ont le sourire. Les pluies de l'hiver et du printemps laissent augurer une année faste : « Effectivement, tant au niveau quantitatif que qualitatif, nous pouvons retrouver les mêmes bases qu'il y a dix ans, confirme le président varois. Mais au fil des années, les apiculteurs ont dû approfondir leur savoir pour résister. Si bien qu'aujourd'hui dans le Var, nous avons des apiculteurs de très haut niveau. Ils travaillent tous avec des jeunes reines. »



Histoire de former dans les meilleures conditions la relève des jeunes apiculteurs, un centre de formation est d'ailleurs ouvert au lycée agricole d'Hyères. « Être apiculteur aujourd'hui demande beaucoup de connaissances. », conclut Gilbert Coulon.



Visiblement le miel varois est aujourd'hui une affaire de professionnels. Après que le syndicat a mis en place le fameux Label rouge, désormais c'est l'IGP (Indication géographique protégée) qui assure la traçabilité du produit. Acheter un miel de Provence, c'est donc être sûr de son origine, car sur chaque pot de miel figure obligatoirement le logo IGP.



Philippe MICHON



Var-Matin


 


Je vous fais part d'un commentaire fort intéressant qu'une de mes lectrices, Anne-Marie, a déposé sous cet article ce matin 28 novembre 2012. Merci à elle pour ce partage. «Mon grand-père, dans les Basses-Alpes, fabriquait effectivement ses ruches assez hautes avec quatre planches verticales et une planche plate pour le toit, comme il est dit dans l'article. Il les plaçait à flanc de montagne au-dessus d'un champ de lavande (de la vraie), mi- abritées par une haie. Autant vous dire que les abeilles s'en donnaient à cœur joie et nous, les petits-enfants, n'étions pas en reste avec ce miel d'un parfum inimitable. Quoi de plus délicieux que de mordre à pleines dents dans les alvéoles de cire et de nous régaler de cet élixir divin qui nous dégoulinait jusqu'au ventre dedans et dehors. Plaisir aussi que de mâchonner la cire, bien goûteuse elle aussi, et surtout de cracher les boulettes !"